Sunday, February 3, 2008

Baudrillard - Simulacres et simulation - réponse à -- La précession des simulacres -- par Jonathan, Julien et Jean

À partir de la fable de Borges (le territoire précède la carte), puis de l'ethnologie ("sacrifice simulé de son objet afin de sauver son principe de réalité"), Disneyland ("cacher que le réel n'est plus le réel, et donc de sauver son principe de réalité"), Watergate ("effet d'imaginaire cachant qu'il n'y a plus de réalité au-delà qu'en deça des limites du périmètre artificiel"), la TV-vérité ("frisson du réel, esthétique de l'hyperréel, frisson d'exactitude vertigineuse et truquée, jouissance d'un excès de sens, de la simulation microscopique qui fait passer le réel dans l'hyperréel") ("Vous êtes le modèle, la majorité, l'information, l'événement, la parole"), le nucléaire ("la mise au point du système maximal de contrôle qui ait jamais existé"), et autres "événements" ou "objets" social, politique, scientifique ..... Baudrillard nous explique sa notion de "disparition du réel" d'où vient percuter, jaillir et substituer celle d' "hyper-réalité" (la carte précède le territoire): série de simulacres qui ne cessent de s'auto-engendrer. L'abstraction moderne qui est "la génération par les modèles d'un réel sans origine ni réalité" porte la valeur de toute chose à devenir auto-référentiels. Abandon du miroir (instance de mesure), de la métaphysique, "mort de la représentation comme puissance dialectique, médiation visible et intelligible du réel", donc mort du symbolique. La grande ouverture lyrique du simulacre est une liquidation de tous les référentiels. Baudrillard nous dit alors que par cette opération de dissuasion, qui est la substitution au réel des signes du réel (son double opératoire); le réel devient impossible. Et parce que "tout se métamorphose en son terme inverse pour se survivre dans sa forme expurgée" ( la preuve d'un existence par son contraire); l'illusion elle aussi n'est plus possible, car il est devenu impossible de faire la preuve du réel. Et alors comme "tout les événements sont à lire à revers; Baudrillard s'en donne coeur joie à utiliser ce principe dans la forme et la syntaxe même de son texte: "l'équilibre de la terreur, c'est la terreur de l'équilibre". Nous invite-t-il a le lire a revers comme il nous invite à lire le monde à revers?

Diriger sans diriger, sacrifier sans sacrifier, être marier et célibataire à la fois, avoir le beurre et l'argent du beurre, .... regarder un feu de foyer à la TV, ...... ou de fausses bûches au propane, ..... faire semblant de mourir, et mourir pourtant, ... "vers une résorption de tous les enjeux sans une goutte de sang." C'est donc la liberté qui est devenu impossible. "Les énergies se congèlent à leur propre feu, elles se dissuadent elles-mêmes."

Le cadeau au réel du sacrifice: l'invitation de revenir à un système symbolique passe-t-il alors par l'acte du sacrifice?
"Le sacrifice considéré dans sa phase essentielle ne serait qu'un rejet de ce qui était approprié à une personne ou ou à un groupe. C'est en raison du fait que dans le cycle humain tout ce qui est rejeté est altéré d'une façon tout à fait troublante, que les choses sacrées interviennent au terme de l'opération: la victime affalée dans une flaque de sang, le doigt, l'oeil ou l'oreille arrachés ne diffèrent pas sensiblement des aliments vomis. [...] Le sacrifiant est libre - libre de se laisser aller lui-même à un tel dégorgement, libre, s'identifiant continuellement à la victime, de vomir son propre être, comme il a vomi un morceau de taureau, c'est-à-dire libre de se jeter tout à coup hors de soi comme un galle ou un aïssaouah." Georges Bataille, La mutilation sacrificielle et l'oreille coupé de Vincent Van Gogh, p.30

C'est ainsi que le pouvoir tente d'injecter partout du réel, du référentiel, du rationnel pour nous persuader de la réalité du social: monde entier recensé, analysé. Baudrillard nous invite à répondre à ce défi selon la règle symbolique. Mais la règle symbolique est-t-elle toujours possible si l'on suit la logique de cette théorie? Est-il toujours possible d'être des suppliciés que l'on brûlent et qui fond des signes sur leur bûcher?

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